Comment expliquer la crise d’adolescence ?

De la crise de l’adolescence à la crise de la quarantaine, certaines périodes marquent un tournant psychique important dans notre vie. En prenant de l’âge, les questionnements, les responsabilités et les changements corporels prennent de plus en plus de place. Nos comportements face au passage à l’adolescence ne sont pas tous égaux, certains jeunes vivant tout cela sereinement, quand d’autres souffrent et sont qualifiés d’adolescent en crise.

Qu’est-ce qu’une crise d’adolescence ?

La « crise d’ado » est un terme désignant tous les comportements négatifs survenant lors du passage à l’adolescence. Il peut s’agir d’insolence, de sautes d’humeur, de colères incontrôlées, de contradiction perpétuelles ou d’agissements défiant une personne d’autorité (enseignants, parents). Comme son nom l’indique, la crise d’adolescent survient pendant une période de la vie difficile au cours de laquelle l’enfant devient adolescent.

Si certains jeunes passent à travers cette période sans difficultés particulières, d’autres, au contraire, vivent difficilement des phases de doutes et de questionnements. Face à l’incompréhension que peuvent générer tous ces changements corporels et psychiques liés notamment à la puberté, certains adolescents peuvent faire preuve d’agressivité ou de repli sur soi. Ce passage évoqué avec parfois incompréhension, légèreté ou moquerie de la part des adultes, peut pourtant être vécu par les adolescents comme un épisode violent et empli de souffrance.

Il est cependant important de noter que tous ne vivent pas ce passage comme une épreuve. De la même manière que les émotions d’une femme ne sont pas constamment dues à leurs hormones, il serait très réducteur de parler de « crise d’adolescence » à chaque fois d’un jeune manifesterait son opinion dans la colère. Les médias en rajoutent souvent lorsqu’un jeune commet une infraction, considérant que tous les adolescents vivent une « crise d’ado ».

Combien de temps dure-t-elle ?

Chaque individu vit la période de l’adolescence différemment, il n’y a donc pas de durée déterminée concernant la crise d’adolescence. Elle peut durer un mois, un an comme plusieurs années. Elle peut par ailleurs être très intense, anecdotique ou complètement absente.

La crise d’adolescence ou le témoignage d’un changement

Les bouleversements corporels

Selon les psychanalystes, la crise d’adolescence est provoquée par la dichotomie existant entre l’enfance et l’adolescence. Les jeunes qui commencent à entrer dans un monde d’adultes avec des changements corporels et de nouvelles responsabilités, veulent retrouver cet univers enfantin dans lequel ils se sentaient si bien. Les nouvelles libertés, recherchées par la plupart des enfants, sont donc vues en cette période comme une perte de repères et de sécurité.

Lorsqu’un enfant rencontre la puberté, le corps change et n’est pas forcément facile à appréhender. Certains désagréments surviennent comme des poils qui poussent et l’apparition d’une acné prononcée. Les corps deviennent ceux d’un adulte, et c’est d’autant plus vrai pour les filles qui observent la poussée de leurs seins et l’apparition des règles survenant parfois très tôt, permettant d’avoir, physiquement, d’ores et déjà la possibilité d’enfanter.

C’est lors de cette mutation que certains adolescents découvrent un corps qui ne leur correspond pas, provoquant alors un désir de contrôle excessif. C’est à ce moment-là que surviennent le plus souvent les problèmes de boulimie et d’anorexie, renforcés par cette période où le jugement de l’autre est important et où les réseaux sociaux prennent une grande place dans notre vie. Dans l’intention de se réapproprier ce corps qui leur appartient et de pouvoir obtenir la reconnaissance de leurs pairs, certains jeunes peuvent avoir de nombreux comportements à risques. Pour les plus courants il peut s’agir de la consommation excessive d’alcool, de drogues, de scarification ou de troubles alimentaires déjà évoqués.

Les bouleversements psychiques

Le corps et l’esprit sont étroitement liés. Si l’adolescence est un passage qui peut être très compliqué à vivre au niveau corporel, elle observe également de nombreux changements psychiques.

En effet, c’est une période compliquée et ambivalente, durant laquelle les jeunes n’arrivent plus à se situer par rapport à leurs parents. Tantôt dans la tendresse, tantôt dans la colère, les adolescents en phase de crise n’ont plus le regard naïf et céleste qu’ils pouvaient poser sur leur entourage étant enfant et ne savent plus comment se comporter. Pendant cette période, les adolescents ont besoin d’exprimer leurs opinions et observent pour cela des phases de rejets.

Lors de la crise d’adolescence de son enfant, il faut être particulièrement attentif à son comportement. Si certains ont une attitude d’opposition face à une figure d’autorité, d’autres sont au contraire dans une situation de repli face au monde extérieur. Selon une étude de l’INSERM, 74% des filles et 58 % des garçons préfèreraient s’isoler en écoutant de la musique dans leur chambre ou en jouant aux jeux vidéos. Des tendances qui sont inquiétantes, d’autant plus qu’elles ont été renforcées par la crise sanitaire.

C’est d’ailleurs en cette période de pandémie que surviennent le plus d’incertitudes chez les jeunes. Alors qu’il est normal de se poser des questions existentielles sur le sens de notre vie à l’adolescence, des réflexions plus alarmantes font leur chemin. À quoi bon apprendre et avoir de bonnes notes au collège si c’est pour pointer au chômage ? À quoi bon faire des projets de vie si de toute façon notre planète est en déclin ? Les adolescents d’aujourd’hui vivent dans des craintes et des incertitudes que n’avaient pas les générations précédentes. En première ligne, des questionnements d’ordre économiques et environnementales.

Comment se manifeste-t-elle chez une fille et chez un garçon ?

Si les filles comme les garçons peuvent subir une crise d’adolescence, ils ne le vivraient cependant pas toujours de la même manière. En effet, les garçons manifesteraient davantage leur colère à travers une agressivité dirigée vers les autres en se bagarrant, en fuguant ou en séchant les cours. Ce genre de comportements, également observés chez certaines adolescentes, est cependant moins courant. Pour les filles, il s’agira plutôt d’une violence tournée vers elles-mêmes à travers des scarifications, des troubles alimentaire ou des tentatives de suicide. Les filles sont par ailleurs beaucoup plus soumises que les garçons au regard de la société et des réseaux sociaux sur la beauté esthétique.

La recherche de l’ivresse est cependant un phénomène recherché autant par les filles que par les garçons. De la même manière que le tabac, les adolescents sont nombreux à chercher l’appartenance à un groupe en abusant de produits tels que la drogue ou l’alcool.

Dans quels cas est-il important d’aller consulter ?

Pour les filles comme pour les garçons, il est important pour les parents de surveiller de près tous les changements de comportements et de ne pas les interpréter systématiquement comme une phase de « crise d’ado » superficielle. En effet, trois grands signes doivent alerter :

  • Les problèmes scolaires : les résultats scolaires en baisse sont le signe d’un soudain désintéressement de l’adolescent qu’il convient d’expliquer.
  • Les problèmes de comportement : des changements soudains peuvent être constatés dans le comportement de l’adolescent, comme des phases d’agressivité, de violence ou au contraire de repli sur soi.
  • Les douleurs physiques : les changements corporels soudains (pertes et prises de poids), les maux de ventre, de tête ou les insomnies peuvent être le signe d’une souffrance.

Lorsque certains de ces signes sont repérés, il est conseillé de parler dans des instants de calme bien choisis avec l’adolescent pour tenter de comprendre sa souffrance puis d’aller consulter sans attendre. Certaines maladies et troubles peuvent par ailleurs subvenir à la période de l’adolescence comme la schizophrénie. Elle nécessite alors un accompagnement psychiatrique et médicamenteux.

Si l’adolescent présente des problèmes d’insomnie, n’arrive pas à se lever le matin même pendant le week-end et qu’il se replie sur soi, il faut être attentif à une potentielle phase de dépression. Il n’est pas toujours facile d’identifier la crise d’adolescente passagère à une véritable maladie. Dans le doute, il est conseillé de prendre systématiquement rendez-vous avec un professionnel, à chaque fois que les parents ou l’adolescent en ressentent le besoin. La communication au sein des familles est bien entendu primordiale pour permettre au jeune de traverser cette période avec douceur.

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